QUAD ET SSV : DES ENGINS POUR TOUS LES USAGES

AUTREFOIS CONSIDÉRÉS COMME DES JOUJOUX, les quads rendent pourtant bien des services aux éleveurs. Ceux qui ont franchi le pas ne voudraient plus revenir en arrière. Depuis quelques années, les quads sont en concurrence avec les SSV. Ce terme est encore mal connu du grand public, y compris par les utilisateurs eux-mêmes. Les initiales SSV viennent de l'anglais Side by side vehicle et désignent un véhicule où les passagers sont assis côte à côte, sur une banquette ou deux sièges séparés, et non pas l'un derrière l'autre. Sorte d'hybride entre le micro-tracteur, la voiture utilitaire et le buggy, le SSV séduit de plus en plus d'agriculteurs grâce notamment à la caisse de transport à l'arrière.

POUR QUOI FAIRE ?

En élevage laitier, les premiers quads se sont souvent vendus pour aller chercher les vaches au pré et vérifier l'état des clôtures électriques. Pour des courts déplacements, sans transporter de charges lourdes, ni traverser de zones accidentées, un modèle de 300 à 400 cm3 à deux roues motrices se révèle tout à fait adapté. En revanche, les quatre roues motrices deviennent rapidement indispensables pour traverser des terrains humides, franchir des talus ou pour réaliser toute tâche réclamant de l'adhérence, par exemple, avec une lame repousse-fourrage à l'avant. Dans ce cas, l'option direction assistée, proposée sur un grand nombre de quads et de SSV, est aussi fortement recommandée.

Pour le transport d'outils, de piquets ou de fils, il existe des caisses et des coffres qui s'adaptent sur les porte-bagages des quads. Quand il s'agit de charges plus volumineuses, le SSV possède un véritable avantage. La caisse à l'arrière mesure généralement la taille d'une palette avec une capacité allant, selon les modèles, de 250 à 450 kg. Ridelles fixes ou amovibles, rehausse, point d'ancrage, porte-outils... la panoplie d'accessoires proposée est très large. Cette caisse fixe peut être remplacée par une benne à basculement, soit manuel, soit par vérin électrique ou hydraulique. Mais, compte tenu du prix de l'option et de la capacité de charge relativement réduite, si on la compare, par exemple, à un godet de chargeur, il convient de réfléchir à son usage : la benne sera-t-elle réellement utilisée pour transporter du vrac ? Un vérin est-il vraiment utile ? La même question se pose pour le relevage avant : électrique ou hydraulique, il peut recevoir des outils comme une lame ou, parfois, un petit godet.

Viennent ensuite toutes les applications possibles dans les champs, tels l'épandage d'antilimace ou d'engrais, la pulvérisation. Les quads supportent des appareils de 150 kg maximum fixés sur le porte-bagages. Là aussi, la plus grande capacité du SSV est un véritable point fort. Au-delà de 400 kg, l'épandeur, ou le pulvérisateur, doit être posé dans une remorque tractée. Les capacités de traction varient de 400 kilos à 1 tonne sur les plus gros engins.

AUPRÈS DE QUI S'ÉQUIPER ?

Le marché des quads utilitaires est dominé par quelques grandes marques présentes depuis parfois plusieurs décennies dans le monde agricole : Yamaha, Honda, Kawasaki, Polaris, Arctic Cat...

D'autres constructeurs sont arrivés plus récemment : Bombardier, Kazuma, Kymco, Masai... Tous commercialisent des quads à usage professionnel ainsi qu'une gamme de SSV plus ou moins large. Des marques comme John Deere, JCB et Kubota proposent uniquement des SSV. Si l'offre est large, la typologie des revendeurs est également variée, allant du classique concessionnaire de tracteurs agricoles au magasin de scooters.

Pour ne pas être déçu, mieux vaut passer par un spécialiste de ce genre de véhicule, qui soit aussi reconnu dans le monde agricole. Il peut proposer des accessoires avec des adaptations spécifiques si nécessaire, et doit disposer d'un atelier et du personnel compétent pour l'entretien.

ESSENCE OU DIESEL ? ET POURQUOI PAS ÉLECTRIQUE ?

La majorité des quads sont à moteur essence. Quelques constructeurs proposent du diesel sur leurs plus gros modèles, mais reconnaissent souvent que c'est avant tout pour satisfaire la demande des clients souhaitant rouler au GNR et ne pas aller acheter d'essence à la pompe.

Car c'est sans doute le principal intérêt du diesel à ce niveau de puissance. Les moteurs à essence ont l'avantage d'être généralement moins chers, moins bruyants, plus légers et aussi plus nerveux.

Dans la catégorie des SSV, les constructeurs proposent davantage des moteurs diesel. Pour une utilisation intensive, ce choix se justifie. Quelques marques vendent désormais des modèles électriques (Polaris, John Deere...) destinés notamment aux collectivités, aux golfs ou à des applications spécifiques. Malgré une autonomie plus limitée, leurs performances annoncées sont tout à fait à la hauteur des attentes d'un éleveur, selon les constructeurs.

QUEL CONFORT SUR UN SSV ?

La cabine est sans conteste un autre point fort du SSV. Les modèles de base sont vendus avec un simple arceau de sécurité, protégeant les passagers en cas de retournement. Mais la majorité des agriculteurs optent au minimum pour le toit et le pare-brise à l'avant afin de garder le poste de conduite au sec.

« Certains acheteurs ne veulent pas de portes latérales afin de pouvoir monter et descendre rapidement, explique un vendeur. D'autres, au contraire, préfèrent être protégés du froid et choisissent une cabine complètement fermée. L'idéal est d'avoir des portes démontables pour la belle saison ou, au minimum, des vitres entrouvrantes pour créer un courant d'air quand le soleil donne. Cela évite d'avoir recours à la climatisation. »

AVEC OU SANS HOMOLOGATION ?

La réglementation qui s'applique aux quads et aux SSV est, qui s'en étonnera, relativement complexe. Pour un même modèle, il existe en effet plusieurs catégories d'homologation possible, avec des limites réglementaires différentes à prendre en compte : nombre de passagers, charge utile du véhicule, capacité de traction, vitesse maximale...

La première solution consiste à opter pour un matériel non homologué. « C'est tout à fait possible, explique un concessionnaire. L'appareil sera identique à un modèle homologué, mais il est livré sans carte grise, sans plaque et sans certains équipements, comme les clignotants et les feux. C'est pourquoi il est aussi un peu moins cher. En revanche, le chauffeur ne devra pas s'en servir sur la voie publique », souligne-t-il.

Dans ce cas, mieux vaut au préalable contacter son assureur pour savoir comment il prend en charge un matériel dépourvu d'homologation. Attention aussi à la conduite par un salarié, car en cas d'accident du travail avec le quad ou le SSV, il sera plus difficile d'expliquer, en l'absence d'homologation, que l'appareil possédait bien tous les équipements de sécurité. Les quads peuvent être homologués en catégorie quadricycle à moteur. Ils sont autorisés à rouler à grande vitesse, mais en contrepartie, la charge utile est assez limitée. De plus, cette catégorie n'entre pas dans les usages professionnels et l'acheteur ne peut donc pas récupérer la TVA. C'est pourquoi les agriculteurs optent le plus souvent pour une homologation en tant que tracteur agricole ou bien pour une autre catégorie proche, appelée « machine agricole automotrice » (Maga). Dans ces deux derniers cas, l'engin est bridé à 40 km/h, ou parfois 25 km/h, mais avec une charge utile et un poids total roulant plus intéressants.

À QUEL PRIX ?

Les quads les moins chers sont proposés à partir de 4 000 ou 5 000 € pour un modèle de 300 cm3 en version deux roues motrices et entre 5 000 et 8 000 € pour un quatre roues motrices de 500 cm3, selon les marques et les options choisies.

Plus puissant, un modèle de 1 000 cm3 pouvant emporter plus de 150 kg et tracter une remorque de 800 kg se négocie à plus de 12 000 €.

Dans la catégorie des SSV, les premiers prix se situent aux alentours de 10 000 € pour des modèles essence en 20 ch, mais sans cabine fermée. Les modèles les plus haut de gamme avec cabine, comprenant un relevage hydraulique à l'avant et une benne basculante de 450 kg de charge utiles, sont proposés entre 15 000 et 20 000 €.

DENIS LEHÉ